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Les réponses sont à attribuer à Ulrich Hermanski, CMO & Executive VP de GM Positioning Solutions Business EMEA chez Topcon Positioning.

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Vous avez obtenu votre diplôme d'ingénieur en géomatique en 1985. Comment la profession a-t-elle évolué depuis lors ?

Il y a eu beaucoup d'évolutions depuis que j'ai obtenu mon diplôme en 1985, mais la plus importante en termes de géomatique est bien sûr l'impact de la technologie numérique. Ce changement n'a pas seulement eu un impact sur la façon dont les professionnels font des relevés et analysent les résultats, il a en fait modifié l'ensemble de la fonction d'ingénieur en géomatique.

Aujourd'hui, les professionnels de la géomatique se concentrent beaucoup plus sur le traitement des données que par le passé, ou tout au moins ils devraient le faire. Avec le volume énorme de données désormais disponibles sur chaque chantier, il est vital que les géomètres soient capables de traduire ces données en informations significatives pour les équipes de projet. À l'époque de mes études, il était plus important de se focaliser sur la précision des mesures et d'éviter les erreurs humaines sur site, plutôt que de se demander comment l'information serait assimilée par les autres parties prenantes d'un projet. Et en 1985, il y avait beaucoup moins de données disponibles, sans compter que les ordinateurs portables, smartphones ou tablettes n'existaient même pas ; tout calcul par ordinateur était effectué par une machine qui occupait la moitié d'une pièce ! Ainsi, lorsque vous regardez la technologie disponible pour un ingénieur en géomatique d'aujourd'hui par rapport à l'époque, vous ne pouvez même pas comparer les deux emplois.



Le rôle du géomètre évolue encore rapidement, ce qui exige un ensemble différent de compétences. Quels sont les principaux facteurs de cette transition ? Et que peuvent faire les géomètres professionnels pour rester dans le coup ?
 

La gestion et la vérification des données constituent la compétence la plus importante pour les géomètres. Ce n'est plus seulement la quantité de données collectées qui est importante pour un projet, mais leur nature et la manière dont elles sont présentées et communiquées. En fait, nous assistons déjà à une modification des dénominations des emplois dans le secteur ; ce qui était autrefois un ingénieur géomètre est aujourd'hui un gestionnaire de données spatiales ou de géodonnées.

La vitesse de vérification des données a également augmenté de manière exponentielle, s'alignant sur les attentes des équipes de projet. L'époque du délai de vérification de deux semaines est révolue. On attend désormais des géomètres qu'ils effectuent des vérifications en temps réel, sur place.

Bien que l'arpentage ait toujours dépendu des données, le niveau d'interprétation et de gestion de ces données a massivement évolué, les géomètres apprenant désormais à exploiter des ensembles de données gigantesques, les solutions SaaS et basées sur le cloud contribuant à accélérer le processus.

Les solutions de capture de données s'étant améliorées, les géomètres ne peuvent plus s'appuyer sur les anciennes approches de la gestion des données ; il est donc essentiel qu'ils s'approprient ces nouvelles technologies afin d'apporter de la valeur à un projet. C'est pourquoi il est essentiel que la compréhension des données devienne leur principal objectif pour l'avenir ; il s'agira de travailler avec la technologie, et non de rivaliser avec elle.

Pensez-vous que notre secteur sera en mesure d'attirer suffisamment de personnel qualifié dans les années à venir ?
 

La question d'attirer du personnel compétent et qualifié se résume une fois de plus à la nature évolutive des fonctions dans notre secteur. La collecte des données est en train de devenir la plus petite partie de la fonction d'un géomètre ; il s'agit maintenant de les intégrer dans le flux de travail de la construction et de contribuer à la numérisation de l'ensemble du processus.

Pour notre secteur, cela ouvre des possibilités d'attirer des personnes davantage tournées vers la technologie et l'informatique, et si nous sommes en mesure de rendre les aspects attrayants pour ces candidats, cela contribuera également à accélérer une transition bien nécessaire dans notre secteur. L'une des meilleures façons d'encourager ces personnes à postuler est de cibler d'autres universités et cours qui ne sont pas liés à l'arpentage traditionnel, et d'y démontrer les possibilités qui existent en géomatique.

Pour remettre cela en perspective, lorsque j'étais à l'université en 1985, une seule année comptait 200 étudiants. Aujourd'hui, il existe des cas où trois universités doivent s'associer pour obtenir l'inscription d'à peine 30 étudiants. La course est maintenant lancée pour attirer du sang neuf, car nous devons nous assurer que nous faisons tous tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter un déficit de compétences.
 

L'intelligence artificielle (IA), en ce compris l'apprentissage profond et l'apprentissage automatique, fait le buzz actuellement. L'IA tiendra-t-elle ses promesses ? Et comment Topcon anticipe-t-il le futur impact de ces technologies ?
 

L'IA n'affecte pas vraiment nos activités traditionnelles de géomatique et d'arpentage, mais elle a un impact énorme sur nos offres de contrôle automatique et de positionnement. L'IA offre des possibilités vraiment passionnantes pour notre gamme de produits, depuis la création de modèles 3D à l'automatisation complète des machines.

Lorsque l'on envisage de faire progresser l'IA dans la construction et le positionnement, la capacité des instruments à collecter des données est essentielle. Par conséquent, l'un des grands avantages de la mise en œuvre de l'IA ressort du mélange de logiciels intelligents et de capteurs de référence de haute précision sur les machines physiques. En ce moment, nous travaillons sur la prochaine génération de capteurs pour nos systèmes de contrôle automatique ; cela augmentera la vitesse des informations envoyées aux boîtiers de commande, de plus de 100x par seconde, ce qui signifie qu'à chaque mouvement, la machine devient plus intelligente et plus efficace.
 

La technologie géospatiale s'insère de plus en plus dans notre vie quotidienne. Quels sont les secteurs ou les organisations qui n'y ont actuellement pas recours, et qui pourraient en tirer profit en l'adoptant plus rapidement ou plus largement ?
 

Je dois reconnaître qu'à l'échelle mondiale, la construction reste le secteur le moins numérisé et le moins automatisé.

Le secteur de la construction est très conservateur et historiquement sceptique vis-à-vis des nouvelles technologies. Toutefois, pour garder une longueur d'avance, les entreprises et les dirigeants du secteur doivent adapter et transformer leurs méthodes de travail et introduire des flux de travail plus pointus. Bien que l'adoption initiale d'une technologie puisse sembler coûteuse, le retour sur investissement et les gains d'efficacité obtenus par la suite compensent largement les coûts d'investissement.

Si l'on compare le secteur de la construction à d'autres secteurs traditionnels comme le secteur manufacturier, la disparité entre l'adoption des technologies est flagrante. Ce secteur a adopté plus facilement la numérisation et l'automatisation, contribuant à des flux de travail connectés, à une gestion efficace des données et même à l'apprentissage automatique. Il est essentiel que le secteur de la construction rattrape son retard et s'adapte à ces nouvelles méthodes de travail si nous voulons répondre aux demandes d'infrastructure qui nous attendent.

Quels sont les principaux leviers de croissance pour Topcon ?
 

Notre activité se concentre sur deux domaines principaux : l'automatisation de la construction et l'automatisation de l'agriculture.

Bien qu'il s'agisse d'industries plus traditionnelles, les possibilités d'adoption de technologies avancées sont nombreuses, et certaines régions sont vraiment porteuses et à la pointe du progrès. Le contrôle automatique des machines est un enjeu majeur dans les secteurs de la construction et de l'agriculture. Les agriculteurs envisagent également l'automatisation des processus d'alimentation et de croissance des cultures. L'adoption permanente de la technologie est également beaucoup plus facile lorsqu'il s'agit d'agriculture, car l'emplacement ne change pas d'une année à l'autre. Toutefois, dans le secteur de la construction, le défi est plus grand en matière d'automatisation car il n'existe pas deux sites, deux projets ou deux équipes de projet identiques.

Notre population mondiale croissante continuera à faire progresser ces secteurs, car nous avons tous besoin d'infrastructures et de nourriture, mais nous ne serons tout simplement pas en mesure de servir tout le monde et de soutenir les économies locales et internationales si nous n'adoptons pas la technologie, et ce à bref délai.
 

Quels développements notables peut-on attendre de votre entreprise, à court ou moyen terme ?
 

Nous travaillons actuellement sur des solutions plus axées sur les flux de travail. Nous avons réalisé que, dans des secteurs comme la construction en particulier, les interfaces simples d'utilisation sont la voie à suivre et facilitent grandement la vie de nos clients. Pour les équipes sur site, il est vraiment pratique de disposer d'une technologie aussi simple et intuitive à utiliser qu'un iPhone.

Au cours des six prochains mois, nous nous concentrerons également sur l'application de notre technologie aux « mini-machines ». Il s'agit de machines moins volumineuses, généralement utilisées dans de plus petites entreprises, qui ont tout autant besoin d'automatisation et de technologies innovantes que les grands développeurs. En associant ces équipements avec des interfaces faciles à utiliser, les entrepreneurs, les professionnels de l'aménagement paysager et les concepteurs à petite échelle (le genre d'entreprises qui n'ont pas l'habitude d'avoir des ingénieurs en interne) pourront utiliser nos solutions.

Nous étudions également les possibilités de portabilité vis-à-vis de ces mini-machines. Normalement, sur les machines de grand volume, le GPS, l'antenne et les prismes sont fixés sur la machine. Cependant, avec cet équipement plus petit, nous avons la possibilité d'extraire et de placer la solution sur une perche. Cela signifie qu'un entrepreneur peut facilement prendre une mesure, puis replacer l'équipement sur la machine. Il s'agit après tout de simplifier les choses pour l'utilisateur final.
 

Y a-t-il autre chose que vous aimeriez partager avec la communauté de la géolocalisation ?
 

Je voudrais souligner le fait qu'il est crucial que les professionnels de la géomatique comprennent exactement comment les tâches sont effectuées sur site, et quelles données sont nécessaires pour y parvenir. La gestion des données est essentielle pour les équipes de projet sur le terrain ; les personnes qui fournissent les données doivent donc savoir comment les interpréter et les communiquer de manière pertinente.

En attirant une nouvelle génération de professionnels de la géolocalisation (qui, en réalité, seront des gestionnaires de données), les flux de travail peuvent être transformés et les projets peuvent enfin être livrés dans le respect du délai et du budget.